Le ski de randonnée est-il plus dangereux que la voiture ?
C'est la question que je me suis posé, après qu'on m'ait déconseillé à maintes reprises,
cette activité dite <<à risques>>. Le principal argument étant :
<< J'entend extrêmement
souvent parler de gens prudents et expérimentés qui sont morts en ski de randonnée.
Donc, le ski de randonné est très dangereux. >>
J'ai appris à diverses reprises qu'il fallait se méfier de ce genre de considérations subjectives
qui amène, entre autre, certaines personnes à avoir plus peur de l'avion que de la
voiture, ce qui est une abbération du point de vue du risque réel encouru.
J'ai donc pris 2 heures de mon temps pour faire des petites recherches sur la toile et vérifier tout
ça.
Si on réfléchit 30 secondes, une bonne façon d'obtenir des chiffres comparables
en la matière est de regarder le nombre de morts par heure de pratique.
Pour la voiture
Pour le ski de randonnée
Bon, la, pour trouver des chiffres sur le web, ca se complique.
D'où le calcul : 55 * 100 000 / (103 / 13) = 7857142,
soit à peu de chose près :
1 mort toutes les 800 000 heures de ski de randonnée environ
Conclusion
Évidemment, les calculs précédents sont entachés d'incertitude dues aux diverses suppositions
que j'ai du effectuer par manque de données. Malgré tout, la conclusion de ce rapide calcul
permet de conclure que
le risque que l'on prend quand on part en ski de randonnée
est du même ordre de grandeur
que celui que l'on prend quand on monte dans sa voiture.
Épilogue
Si on considère que même un randonneur acharné passe beaucoup moins de temps sur la neige que sur le bitume,
on peut conclure que ce dernier a considérablement plus de chances de mourir sur la route qu'à ski.
Et toc.
Addendum
Tiens, cet article a fait réagir les
Skitouriens.
Je recopie la réaction de Clotaire que je trouve intéressante (ce
qui fait de cette page un savant mélange de web 2.0 et de web 0.01) :
Je m'interesse dans mon travail au calcul du risque (pas
vraiment du ski, mais évidemment, difficile de ne pas faire le
parallèle). L'analyse d'Erwan est assez pertinente, je me permet
juste de faire quelques clarifications. Le paramètre généralement
employé pour ce genre de calculs et pour pouvoir comparer avec
d'autres risques est la mortalité annuelle individuelle (généralement
en 1:100000). Quelques chiffres (pas très récents je le concède) en
provenance de Suisse : la pratique du deltaplane (pas de notion de
durée) donne une probabilité de décès de 100:100000 par an, la
voiture pour les 20-24 ans donne 20 (la moto 150 !), être piéton 10,
la randonnée en montagne 5, 10000 km de route en voiture 10, avion en
vol 1, le foudroiement 0.1. Si l'on revient à ce paramètre avec les
chiffres d'Erwan, on trouve 8:100 000 soit du même ordre de grandeur
que la voiture, un ordre de grandeur sous le deltaplane. Pour les
sports avec la plus forte mortalité, on peut aussi citer la
plongée...(je n'ai pas les chiffres). On peut aussi noter que fumer
20 cigarettes par jour correspond à un risque de 400... En
n'utilisant que les heures de pratique, Erwan trouve un paramètre
sans doute pus pertinent mais difficile à comparer avec les chiffres
existants. En ce qui concerne les chiffres avancés par Erwan,
évidemment, il faudrait prendre en compte les autres accidents que
ceux liés aux avalanches, ce qui ne doit pas doubler le résultat mais
l'augmenter un peu quand même, disons le faire passer un peu au
dessus de la voiture, mais toujours dans le même ordre de grandeur.
On peut noter aussi que le risque lié au ski de randonnée correspond
à une auto-détermination totale, alors que l'autodétermination est
plus faible pour la voiture ce qui conduit à avoir un seuil
d'acceptabilité du risque plus haut pour le ski que pour la voiture
(entre 100 et 1000 pour une auto-détermination totale, entre 10 et
100 pour une auto-détermination élevée comme la voiture). Par
exemple l'auto-détermination liée au risque nucléaire est nulle, le
seuil d'acceptabilité est nettement plus faible, entre 0.1 et 1
toujours selon nos amis suisses. D'après le chiffre trouvé, on est
donc nettement en dessous du seuil d'acceptabilité pour le ski de
randonnée, il serait donc assez aberrant de stigmatiser cette
activité en particulier.
Quoiqu'il en soit, ce risque calculé est une espérance (au sens
mathématique), c'est donc un chiffre synthétique (disons une moyenne)
qui cache forcément une variabilité (niveau de pratique...) mais
c'est quand même interessant à comparer avec d'autres
pratiques. Par contre, il s'agit d'un risque global et non d'un
risque individuel, donc on ne peut pas vraiment l'utiliser pour sa
pratique personnelle.
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Last modified: Fri Feb 19 16:17:23 CET 2010